L’ENIM est constamment à la recherche des talents de demain, mais que deviennent-ils une fois leur formation d’ingénieur achevée et leur diplôme validé ?
À travers cet article, nous vous proposons de découvrir le parcours d’un ancien Enimien, Frédéric Bourgeois qui a effectué une VAE (validation des acquis de l’expérience) et un Mastère spécialisé MPIL (Management de Projets Industriels et Logistiques)
Présentation de Frédéric
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Frédéric Bourgeois, j’ai 51 ans et je suis actuellement Directeur du Matériel en Côte d’Ivoire pour une entreprise de fabrication du sucre. L’entreprise s’appelle Sucrivoire et se trouve dans le centre du pays proche de la ville de Zuénoula.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours / formation au sein de l’ENIM ? (Vos stages académiques, vos stages en entreprise, ect…)
Mon parcours est assez atypique et peut se diviser en trois parties distinctes.
1ère partie (de 1992 à 2003) : en 1992, après l’obtention un BTS électrotechnique, je me suis lancé dans le monde du travail après bien sûr le service militaire (effectué dans la marine). Entre petits boulots et contrats d’intérim, je n’arrivais réellement pas à trouver un métier dans ma formation d’origine. Sans emploi, l’ANPE m’a aiguillé sur un contrat qualification (moitié entreprise / moitié cours) de technicien en modelage (qui n’a strictement rien à voir avec l’électrotechnique) chez Villeroy & Boch à Valence d’Agen (82). J’ai obtenu ce diplôme et comme il n’y avait pas de place à l’endroit où j’ai fait la formation (nous étions quand même près d’une vingtaine à faire cette formation), j’ai été envoyé en Allemagne à Mettlach à la maison mère pour y travailler (et valoriser ma formation). Et me voilà arrivé dans le Nord Est de la France (en 1998) avec un climat très différente de mon Sud-Ouest d’adoption… Mais on finit par s’habituer…
2ème partie (de 2003 à 2011) : las de ne pouvoir évoluer au bout de cinq ans de bons et loyaux services chez Villeroy & Boch, je décide de quitter mes fonctions (en 2003) vers un nouveau challenge…de quelques mois dans le Sud-Ouest mais qui n’a pas été très concluant. Je retourne vite dans le nord-est où entre temps, j’ai connu ma compagne actuelle. Finalement, je trouve un poste de technicien d’intervention (toujours en 2003) et qui colle très bien avec ma formation d’origine (électrotechnique). J’y reste pendant six années. Au cours de cette expérience, mon envie d’évoluer vers des postes à responsabilité et de management grandit. Certains postes de ce style demandent un diplôme d’ingénieur. Avec des connaissances (anciens ENIMIENS) qui m’ont présenté l’école, je me rapproche de l’ENIM pour passer un diplôme d’ingénieur par la VAE. Il m’a été conseillé de faire une remise à niveau pour avoir un dossier solide. J’ai donc fait cette remise à niveau de 1 an (de 09/2009 à 06/2010, à l’époque sur l’île du Saulcy). J’ai monté un dossier FONGECIF en vue d’une prise en charge… qui a été accepté. J’ai arrêté mon travail et ai entamé les cours de remise à niveau. À la fin de ceux-ci, j’ai repris le travail et j’ai finalement tenté en octobre 2010 une première pré-VAE qui n’a pas été concluante. Il me manquait de l’expérience en management de personnes… Au cours de ce même mois, j’ai reçu une offre de travail pour aller manager une équipe de mécaniciens d’engins de TP en Nouvelle Calédonie sur un site minier.
3ème partie (de 2011 à nos jours) : l’aventure Calédonienne s’est bien déroulée dans l’ensemble et cela m’a permis d’engranger de l’expérience dans le management. J’étais en charge d’une équipe d’une dizaine de personnes. L’expérience sur le caillou a duré un peu moins de 2 ans. J’ai finalement décidé de me rapprocher du continent européen en octobre 2012 et je suis parti en Afrique et plus précisément en RD Congo sur une mine d’or cette fois en tant que superviseur technique. J’étais le lien technique entre le constructeur CATERPILLAR et le client. J’étais chargé de suivre techniquement les engins miniers de la marque et je reportais auprès du constructeur les incidents sur les machines. Le temps aidant et avec toujours à l’esprit le diplôme (je n’avais pas fait autant de « sacrifices » pour abandonner et me donner un goût d’inachevé), je décidais de reprendre ma démarche de VAE auprès de l’ENIM. Je me suis donc réinscrit à l’école et j’ai tenté une seconde pré-VAE, qui cette fois a été validée. Le jury, composé de 9 personnes, a validé ma demande et m’a permis de présenter le dossier final. Dans le compte rendu du juré ils ont spécifié que je devais présenter une partie « technique de l’ingénieur » et une autre partie plus « financière ». Pour la partie « technique de l’ingénieur », ça ne me posait pas trop de problèmes, vu que au cours de mon expérience actuelle, j’étais confronté à des problèmes d’ordre technique assimilables à de l’ingénierie. Par contre, pour la partie financière, je ne savais pas trop comment j’allais faire… jusqu’à ce que le responsable direct me propose un poste de « project manager » (ou directeur de projet) dans une autre mine et au Gabon cette fois. La partie financière était toute trouvée… Je suis donc parti au Gabon en avril 2015 ou j’avais la gestion technique & budgétaire d’une flotte d’engins miniers CAT sur site. J’ai managé une trentaine de personnes. Je me suis remis à la rédaction de mon mémoire avec en alternance des cours d’anglais et plus précisément la préparation au TOEIC, devenu obligatoire (pour tout diplôme d’ingénieur) par rapport à la première VAE. En avril 2016, je défendais le mémoire devant le même jury que pour la pré-VAE. J’étais admis. Il ne me manquait plus que le TOEIC pour valider définitivement (et j’avais deux ans pour le faire). TOEIC à 745 pts.
Ma boite a alors arrêté mon contrat de travail et j’ai finalement fait un grand bond dans mon expérience professionnelle, puisque j’ai retrouvé un poste de Directeur Matériel juste après en janvier 2018. Grâce au diplôme d’ingénieur, j’ai pu avoir ce poste (j’ai valorisé les efforts financiers et personnels). J’avais la gestion managériale, technique et budgétaire d’un département matériel de près de 1400 machines fixes (groupes électrogènes, …) et roulante (tracteurs agricoles et routiers, machines de TP, …) avec 6 chefs de service, 6 chefs d’ateliers et 400 personnes sous mes ordres…un centre de profits en quelque sorte. Cette expérience c’est arrêté en juin 2019 suite au changement de Directeur Général. Membre du CODIR, j’ai fait les frais (avec certains autres directeurs) de ce changement. J’ai découvert les risques inhérents à cette fonction … c’est néanmoins violent et rude, surtout que je n’avais pas fait de faute professionnelle.
Étant inscrit au chômage et ne trouvant pas de travail, l’idée m’est venue de me former (une nouvelle fois à l’ENIM) et de m’inscrire en octobre 2019 à un Mastère Spécialisé en Management de Projets Industriels et Logistique, … J’ai profité de cette période de transition professionnelle pour me former et ainsi acquérir une nouvelle compétence. La formation à l’ENIM se déroule très bien. Durant cette période, je réussis finalement à retrouver un travail en tant que Directeur Matériel en Côte d’Ivoire cette fois-ci et qui de surcroît, accepte de me donner un projet, support de mon mémoire.
J’ai mis pas mal de temps à trouver, surtout que plus j’avançais dans le Mastère et moins je voulais l’arrêter, or dans certains de mes entretiens au cours desquels j’essayais de « vendre » la formation, c’est une personne opérationnelle de suite que les entreprises cherchaient. Ma prise de fonction coïncidait avec la fin des cours pédagogiques du Mastère, soit à la fin avril 2020. Mais voilà, le confinement dû à la COVID est arrivé. Le report de mon contrat (et du projet) est acté. Avec cette épidémie, c’est la promotion 2019/2020 qui a été reportée. Finalement, j’ai commencé mon nouveau travail le 07/09/2020. Là aussi, j’assure la gestion managériale, technique et budgétaire d’un département matériel. Le projet de fin d’études, avec le retard, a commencé à la date de mon embauche. J’ai soutenu ma thèse le 18/02 et j’ai obtenu le diplôme (MS MPIL) avec mention bien. Je suis toujours en poste et continue à développer le département matériel.
Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel après l’obtention de votre diplôme d’ingénieur ?
Depuis que j’ai obtenu le diplôme, j’ai évolué vers des postes de direction. L’ascension a été assez fulgurante. Je suis passé de Project Manager avec une gestion de 30 à 40 personnes à Directeur d’un département avec une gestion de plusieurs centaines de personnes. Deux expériences de Directeur Matériel avec entre deux, une interruption durant laquelle j’ai ajouté un diplôme supplémentaire, un Mastère Spécialisé. J’ai complètement valorisé le diplôme.
Pourquoi êtes-vous devenu ingénieur ?
Au fil du temps et de mon expérience professionnelle, j’ai souhaité évoluer pour ne pas rester à faire la même chose toute ma vie. Et la première évolution a été vers des postes à responsabilité. Pour cela, à partir de certains postes, vous devez être ingénieur. Ce n’est pas le cas de toutes les entreprises car dans certaines vous pouvez évoluer dans certains postes à responsabilité sans diplôme (les entreprises anglophones regardent plus votre expérience que les diplômes). Je voulais aussi aller vers du management de personnes et me donner d’autres compétences. Je souhaitais aussi augmenter mon niveau scolaire et mes connaissances… un peu par fierté aussi.
Sa vie actuelle
Quel poste occupez-vous actuellement ?
Je suis Directeur Matériel pour Sucrivoire (groupe SIFCA), compagnie Ivoirienne sucrière. Je suis en charge d’un département composé pour l’essentiel de matériels agricole. Quelques machines de TP viennent s’ajouter à la flotte. Je gère un département type centre de profits : j’encadre près de 180 personnes, j’établis les budgets, j’assure la gestion technique des machines du parc et je pilote les projets. Le dernier en date, support de mon mémoire pour le mastère, a été la « mécanisation de la récolte de canne à sucre ».
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?
Le contact avec les gens, le management, la gestion de projets. J’aime aussi gérer et résoudre différents problèmes (technique et managériaux).
Conseils et ressentis
Que conseillerez-vous à un étudiant qui veut devenir ingénieur ENIM ?
Il ne faut rien lâcher, croire en soi et avoir de la volonté (avec la volonté, on déplace les montagnes), travail et abnégation. Il faut aussi se remettre en question de temps en temps pour savoir ce qui n’a pas été et corriger. Il faut être curieux, s’intéresser à tout et avoir soif d’apprendre. Il faut avoir aussi de l’humilité et du respect envers les autres et ce qui nous entoure.
L’alternance peut-être aussi une bonne option car elle permet de se confronter au monde du travail. Le fait d’être diplômé ne garantit pas à 100% un travail.
Et pour le mot de la fin, souhaitez-vous partager autre chose avec nous ? (anecdotes, souvenirs marquants, etc..)
Depuis que j’ai décidé de devenir ingénieur, ça m’a fait totalement changer de cap. Je suis passé d’un travail plutôt monotone (technicien d’intervention) à une découverte et une expérience très enrichissante. J’ai voyagé dans divers pays dans le monde, ce que je n’aurais sans doute jamais fait si j’étais resté sans évolution académique. La remise à niveau effectuée à l’ENIM entre 2009/2010 a été le déclencheur du renouveau chez moi. Juste après la fin de l’année de cours et le passage en pré-VAE, j’ai reçu une offre pour partir en Nouvelle Calédonie, puis tout s’est enchainé avec des expériences en RD Congo, Gabon, Sénégal et maintenant la Côte d’Ivoire. Avec à chaque fois, la découverte d’une culture, de personnes, de mentalités différentes avec lesquelles il faut composer et respecter pour bien se sentir…être humble. J’ai 51 ans, j’ai eu un BTS en 1992, puis en 2017 le diplôme d’ingénieur et enfin en 2021 un Mastère… On apprend à tout âge et même à mon âge, j’en apprends encore.
J’ai rencontré différentes intervenants / professeurs à l’ENIM qui n’ont enrichi et m’ont apporté beaucoup de connaissances. J’ai vraiment apprécié ces échanges, surtout lors de ma dernière expérience avec l’école (le MS MPIL) qui par certains côtés se sont rapprochés de ce qu’on peut rencontrer sur le terrain.
Alors certes, tout n’a pas été simple, il y a eu des sacrifices, mais je retiens de tout ça un enrichissement personnel assez conséquent. La curiosité, l’envie d’apprendre et la volonté m’ont permis d’être ce que je suis devenu.

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Nous remercions chaleureusement Frédéric d’avoir partagé avec nous sa riche expérience !